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Les annales des Sortilames.

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Les annales des Sortilames. Empty Les annales des Sortilames.

Message par Docteur Poisson Dim 12 Déc 2010 - 10:27

Ma nouvelle fiction, sanguinolente et mouvementée Very Happy

J'espère que vous prendrez plaisir à me lire et que vous ne manquerez pas de me commenter.


Les annales des Sortilames.

Chapitre premier : Chimères nocturnes.


Les annales des Sortilames. Jinoug11

Les éclairs déchiraient le ciel nocturne. Leur lumière éphémère plongeait la nature dans un tumulte de flashs bleutés. Un vent violent s’était levé et entraînait la haute silhouette des arbres dans une danse endiablée. Le sifflement des bourrasques et le grondement du tonnerre se mêlait en une sinistre mélodie.
Un petit village niché au creux d’un vallon affrontait tant bien que mal la tempête. Les cascades d’eau tombées des cieux avaient déjà inondé la plupart des rues.
Aranok était tétanisé sous ses couvertures. L’orage gagnait en puissance. Le jeune garçon se leva et se risqua jusqu’à la fenêtre.Il constata avec inquiétude qu’un volet avait été arraché. Il descendit les marches quatre à quatre et tambourina à la porte de la chambre de ses parents.Son père lui ouvrit, en tenue de combat.
- Vas t’habiller, et occupes toi de ta mère, s’exclama-t-il en lui posant une main sur l’épaule.
- Que se passe t-il !?
L’homme fixa un instant son fils sans vraiment le voir, les yeux dans le vague. Puis il eut un sursaut et le toisa avec gravité.
-Cette tempête n’est pas naturelle…
Soudain un hurlement ébranla le village et se répercuta sinistrement dans les montagnes.
- Fais vite mon fils !
Il contourna son enfant stupéfait et se rua vers la porte.

La panique avait gagné la bourgade. Des gens couraient dans tous les sens, le dos courbé pour résister au vent. La pluie avait creusé la terre des rues et de véritables torrents emportaient ceux qui n’y prenaient pas garde. Des chasseurs en armure se frayaient tant bien que mal un chemin au milieu des villageois. Les éclairs jetaient des reflets argentés sur leurs casques. Epées, lances, fusils et énormes marteaux de guerre constituaient leur terrifiant barda. Ils prirent place devant le village et attendirent. Un deuxième rugissement traversa la nuit. Soudain, au milieu des arbres fous, à quelques mètres seulement des guerriers, une énorme ombre ruisselante apparut.
- En position ! hurla le chef des combattants.
Des motifs lumineux s’allumèrent sur le corps du monstre mystérieux. Il s’avança lentement vers les humains. De petits serpents électrifiés se mirent à parcourir son corps gargantuesque. Soudain ses membres massifs crevèrent les ténèbres.
Le quadrupède arborait des écailles couleur saphir et une fourrure immaculée parsemait son corps. Deux cornes trônaient sur son crâne et son museau allongé évoquait la gueule d’un loup. Une immense queue reptilienne et d’énormes griffes recourbées complétaient le tableau cauchemardesque. Ce n’était pas un animal normal, c’était un démon, une créature de légende.
- Jinouga, chuchota un guerrier.
Jinouga le dieu du tonnerre, le loup démoniaque, incarnation de la fureur toute puissante du ciel et ennemi juré des noctophobes.
La bête hurla et se mit à courir. Avant que les hommes ne puissent réagir, elle fut sur eux. Ses pattes fauchèrent la troupe et deux soldats furent mutilés. Le sang frais se mêla à la boue et des entrailles voltigèrent sous la pluie battante. Les survivants tentèrent de former une position défensive. Un éclair s’abattit sur eux. Quand la fumée se dissipa, une dizaine de cadavres carbonisés jonchaient le sol.
Le titan poussa un grognement de contentement et continua tranquillement son trajet vers le village. Puis, il se figea. Un gigantesque personnage bloquait l’accès à la bourgade. Sa cape voltigeait dans le vent et il tenait une énorme épée. Un éclair dévoila un sourire dans l’ombre de sa capuche abaissée.
- Viens voir par là enfoiré !



Notes:
-Noctophobe est un néologisme que le jeune écrivain capricieux que je suis a inventé.
-Je ne suis pas l'auteur de ce magnifique dessin, je l'ai trouvé sur google. Laughing
-Ne voyez pas cela comme un court chapitre mais comme une longue introduction.

Au passage je ne puis m'empêcher de remarquer que ma fiction "Dans la tête d'un monstre" a lancé toute une série d'autres fictions du même genre. Je suis un précurseur afro
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Message par Docteur Poisson Lun 13 Déc 2010 - 16:39

Chapitre premier, deuxième partie.


Le guerrier et le Jinouga ne bougeaient plus, immobiles sous le ciel obscure. Ils se jaugeaient, se soupesaient du regard, s’étudiaient. L’eau dégoulinait sur leurs corps immobiles.
L’homme fit un bond en avant dans un froissement de cape et se mit à charger le monstre. Furieux, il poussa un cri de haine et frappa le sol de ses énormes pattes griffues. Le mystérieux personnage ne s’arrêta pas. Son épée dressée fendait les gouttes de pluie.
Il se jeta sur le géant et lui assena un coup d’estoc sur le poitrail. Le sang gicla et la bête poussa une plainte déchirante. Le chasseur enchaîna en lui frappant violemment le museau du plat de sa lame. Le mastodonte, sonné, fut contraint de faire quelques pas en arrière. Son assaillant en tira avantage et attaqua à nouveau. Malheureusement pour lui, le monstre refusa de se laisser faire et projeta son corps massif en avant dans un magistral coup d’épaule. Le guerrier fit un vol plané d’une dizaine de mètres et s’écrasa dans la boue.
Le goût du sang lui envahit la bouche et sa tête se mit à tourner. Il vit, entre ses paupières mi-closes, le Jinouga secouer sa tête ruisselante d’hémoglobine pour retrouver ses esprits.
Malgré la douleur, l’homme se redressa vivement et repartit au combat au pas de course. Il devait à tout prix en profiter, la bête était vulnérable.
Le démon sentit le danger venir. Il tourna lentement la tête. Une épée titanesque se refléta un instant dans ses iris azur, avant de s’abattre sur son crâne. Le chasseur fit un bond en arrière et s’immobilisa. Sa lame était maculée de rouge.
Le monstre, figé, les yeux exorbités,voyait des flots d’écume ensanglantée couler de ses babines. Une plaie béante lui barrait le crâne.
Ses paupières se fermèrent doucement sur son regard abasourdi et sa langue glissa hors de sa gueule. Il s’écroula, vaincu. Le sol vibra sous le choc de son corps gigantesque.

Aranok assistait avec émerveillement à la fin du Jinouga depuis le village. La façon dont cet homme l’avait terrassé d’un seul coup lui faisait froid dans le dos. Tout à coup, un rayon lumineux déchira les ténèbres. Les nuages noires s’effilochaient et s’évanouissaient dans le bleu du ciel. Les montagnes baignaient dans une lumière dorée. La créature était bel et bien morte.
Le gigantesque guerrier rengaina son épée après l’avoir vaguement essuyé sur l’herbe détrempée. Aranok le vit se diriger vers lui avec appréhension. L’homme le contourna sans un mot.
Le garçon laissa échapper un long soupir de soulagement. Soudain il entendit des pas précipités derrière lui. Il se retourna juste à temps pour esquiver un coup de poing. L’inconnu l’avait pris pour cible.
Le guerrier se mit à marteler le corps du villageois. Il était si rapide qu’on voyait à peine ses membres bouger.
- Arrêtes, qu’est ce qu’il te prend !? hurla l’adolescent en parant désespérément les attaques enragées du combattant.
Un rire sardonique secoua la poitrine de l’homme et sa capuche laissa entrevoir deux grands yeux verts luisant d’excitation.
Soudain Aranok trébucha. Il vit, avec la lenteur aqueuse et maléfique des cauchemars, un énorme poing ganté jaillir vers son menton. L’impact fut terrible. Le garçon fut projeté en arrière et tomba lourdement sur le dos. Le monde se mit à tourner et tout devint noir…
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Message par Docteur Poisson Mar 14 Déc 2010 - 12:31

Chapitre deuxième : Destinée.

Aranok se réveilla en sursaut. Il se trouvait dans un lit, sous une pile de couvertures. Il tourna doucement la tête et constata qu’il était seul dans une petite pièce sobrement meublé. Un énorme trou dans le plafond laissait filtrer la lueur orangée du crépuscule.
Il voulut se redresser en s’appuyant sur ses coudes mais sa tête se mit à tourner et il retomba sur le matelas. Soudain quelque chose bougea dans la pénombre.
- Enfin réveillé gamin ?
L’adolescent distingua une silhouette à la limite de son champ de vision.
- Qui êtes-vous ? demanda t-il d’une voix rauque.
- J’ai bien peur d’être celui qui t’a mis dans cet état.
Le jeune homme se redressa en grognant et toisa l’ombre avec colère.
- Pourquoi avoir fait cela ?
- Je vais tout t’expliquer, mais allonges toi s’il te plaît, il faut que tu te repose, je n’y suis pas allé de main morte.
Le garçon obtempéra et se laissa choir sur le lit avec un soupir de satisfaction.
- Où suis-je ? s’enquit-il.
- Malheureusement dans ta chambre, la tempête n’a pas épargné ta toiture.
- Et merde. Mes parents savent que je suis là ? Ils savent que vous m’avez agressé comme un sauvage ?
- Ils savent tout. Et, crois-moi, ils en savent bien plus que toi.
- Alors expliquez-moi, murmura Aranok.
- J’en avais l’intention, mais sois attentif. Dis-moi, que sais-tu des chasseurs de rang G ?
- C’est l’élite de Gardemine, des hommes surentraînés, les chasseurs les plus puissants de ce monde.
- Oui, c’est exactement cela.
- Vous êtes un chasseur de rang G ? souffla l’adolescent.
- C’est plus compliqué. Vois-tu, il existe une unité spéciale de combattants sélectionnés au sain des chasseurs de rang G. Des hommes spécialisés dans la lutte contre les dragons anciens et autres créatures mythiques. Des guerriers disposant de pouvoirs… surhumains.
Aranok redressa la tête avec intérêt.
- On les nomme, Sortilames. Je suis l’un d’entre eux.
- Ca semble assez dur à avaler, et ça n’explique pas pourquoi vous m’avez cassé la figure !
- Les Sortilames, comment te dire… sentent les autres Sortilames. J’ai senti le pouvoir des nôtres en toi.
- Quel pouvoir ?
L’inconnu eût un sourire énigmatique.
- Tu ne t’es rendu compte de rien ?
- Je… non !
- La vitesse de mes coups était cent fois supérieure à celle d’un être humain normal, et un être humain normalement constitué n’aurait pas été en mesure d’en parer un seul. Tu disposes de réflexes surhumains. Ah oui, et tâtes ton menton !
- Que… ?
- Tâtes ton menton, ordonna l’homme.
Aranok obéit.
- Oui et alors ?
- Pas d’hématome, ni aucune douleur. La blessure a déjà guéri. Et dis moi, ne t’est-il jamais arrivé de ressentir l’esprit des animaux dans ta tête ?
- Non !
- Tu mens, grogna l’inconnu.
- Bon d’accord ! Une ou deux fois j’ai ressentis la présence des bêtes dans la forêt mais je… ça ne veut rien dire !
- Oh que si ! C’est ce que, nous autres Sortilames, nommons le don de prescience.
- L’attaque était un…
- Test, oui, c’est exactement ça.
- Et donc ! ? A supposer que votre histoire hallucinante sois vraie, que suis-je censé faire !? explosa le jeune homme en se redressant
- Me suivre, je serai ton formateur. A mes cotés tu deviendras un très grand chasseur.
- Et mes parents ?
- J’en ai parlé avec eux. Ton père est un guerrier fiston, il est très fier de toi. Quant à ta mère, elle est, évidemment, malheureuse, mais elle sait que ta destinée est autre que celle de simple paysan.
Aranok se pinça l’arrête du nez et ferma les yeux. Il avait une chance de devenir un héros, mais d’un autre côté, cet homme pouvait très bien lui mentir, même s’il en doutait.
- Où irons-nous, je veux dire, si je vous suis.
Le Sortilame saisit la main du garçon et y déposa une pièce de métal. Il la fit tourner entre ses doigts avec curiosité.
- Qu’est-ce que c’est ?
- La raison de ma présence ici. J’ai retrouvé cela dans le corps du Jinouga, cette chose avait pénétré très profondément sa chair et avait infecté la blessure. C’est une balle de fusil, une balle de fusil avec laquelle on a inoculé un virus à la bête. C’est pour ça que je l’ai vaincu si aisément, il était gravement malade.
- Tuer les monstres en se servant d’armes bactériologiques est pourtant formellement interdit, s’étonna Aranok.
- Oui, et cela fait aussi partie de mes affectations, punir ceux qui transgressent les lois de la guilde.
- Savez-vous qui a fait ça ?
- Non, mais l’animal venait de l’est. Il a laissé des traces de son passage.
- Donc si je vous suis… ?
- Nous irons vers l’est.
- Excusez-moi, mais j’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir.
- C’est pour ça que je suis venu te parler ce soir, tu as toute la nuit pour y réfléchir. Mais saches que si tu refuses je partirai, et tu ne me reverras jamais.
L’inconnu tourna les talons et se dirigea vers la porte.
- Au fait, je m’appelle Blasphème, Blast pour les intimes.
- Je m’appelle Aranok.
- Et bien, Aranok, je t’ai mentis… il te reste un peu de violet sur le menton.
L’homme sortit dans un froissement de cape.
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Message par Docteur Poisson Mer 5 Jan 2011 - 0:17



Chapitre troisième : Un Sortilame au bord de la crise de nerfs.



Deux hommes cheminaient sur un sentier forestier ensoleillé. Le premier était immense. Une énorme épée pendait dans son dos et une armure légère en acier tintait doucement au rythme de ses pas. Ses grands yeux verts pétillaient de malice et une barbe garnissait son menton de façon anarchique. Une capuche abaissée sur son crâne masquait sa chevelure, même si quelques mèches brunes dépassaient par endroit.
Le second, mince et élancée, arborait une crinière blonde qui lui cascadait sur les épaules. Une petite cotte en cuir lui faisait office de protection. Une lame recourbée pendait à sa ceinture et un bouclier de bois usé ornait ses omoplates.
- Je suis content que tu aies accepté, fit Blast dans un sourire.
- J’avais pas trop le choix, grommela Aranok.
- A cause du mot je présume ?
L’adolescent se renfrogna.
- Je croyais que j’avais le droit de choisir, grogna-t-il.
- Mais tu n’étais pas obligé.
- En partant du principe que vous avez glissé un morceau de papier sous ma porte cette nuit, stipulant que vous alliez me casser la gueule si je passais à côté de la chance inouïe qui m’était offerte, je pense que si, on peut dire que j’étais obligé !
Le Sortilame gloussa.
- Allez gamin, tu ne vas pas faire la tête pour si peu, c’était des menaces en l’air.
- J’espère bien.
- Une blague te dis-je ! Tiens, pour me faire pardonner je te propose de commencer ta formation dés maintenant !
- Ca, ça me botte !
- A partir de maintenant tu es mon disciple, les convenances voudraient que tu m’appelles maître.
- Très bien maître.
- Bon, on va commencer par t’entraîner au combat. Le meilleur moyen d’apprendre… c’est la pratique ! Hurla Blasphème en dégainant son épée titanesque.
Aranok poussa un cri de terreur et s’enfuit en courant.
- Je plaisantais, je plaisantais ! Reviens ici !
Le garçon retourna prudemment vers son mentor.
- La forêt est à deux kilomètres. On trouvera bien une bestiole à affronter là-bas. Par contre on y va en courant ! Jogging de midi, c’est parti !
Le géant fonça vers la lisière du bois que l’on apercevait à l’horizon. Un nuage de poussière flottait dans son sillage. Son disciple, hébété, le regarda disparaître au loin.
- Je sens que ma formation ne va pas être de tout repos, soupira-t-il en commençant à trottiner.

- Maître, ce n’est pas ce qu’on peut appeler un monstre.
- Effectivement ,ces choses, mon jeune ami, sont des déjections de Devil Jho. Elles doivent avoir plusieurs jours, et heureusement pour nous !
- C’est dangereux un Devil machin ?
- Oui, extrêmement dangereux. Un reptile bipède carnivore pouvant atteindre jusqu’à dix mètres de haut. Agressif, puissant, vicieux, c’est l’une des créatures les plus dangereuses qu’il m’ait été donné de rencontrer.
Aranok avala bruyamment sa salive.
- Partons d’ici, et vite. Qui sait s’il ne rôde pas encore dans le secteur.
Le jeune homme ne perdit pas une seconde et s’éloigna à grandes enjambées de la clairière jonchée de montagnes d’excréments. Soudain un buisson s’agita. Blasphème posa la main sur la garde de son épée et son apprenti sursauta.
Puis, sous les yeux hébétés des deux chasseurs, un petit personnage bedonnant émergea des fougères. Ses cheveux blonds coiffés selon un minutieux brushing et ses longues moustaches aux pointes recourbés illustraient son appartenance à la haute société. Ses petits yeux porcins jetaient des éclairs de rage et son visage poudré rougissait à vue d’œil. Il s’avança d’une démarche colérique, en prenant grand soin de ne pas salir son pourpoint fuchsia sur les tas nauséabonds. Deux colosses en armure émergèrent du sous-bois et vinrent l’encadrer, probablement des gardes du corps.
- Je peux savoir ce que vous faites ici, siffla l’excentrique.
- Hum, et bien… mais qui êtes-vous ?
- Je suis le baron Tristan de Louillé, et vous vous trouvez sur mes terres ! Toutes les créatures de la région sont ma propriété ! Si vous les tuez, vous commettez un délit !
Aranok comprit, en observant le regard courroucé de son maître, que la situation allait très vite tourner au vinaigre, il s’empressa donc de détendre l’atmosphère.
- Veuillez nous excuser monsieur, nous allions partir, nous ne faisions que passer ! S’empressa t-il d’affirmer avec un sourire nerveux.
Le jeune homme tenta en vain de tirer son mentor en arrière. Blast semblait réellement hors de lui.
- La forêt n’est pas une vulgaire marchandise sur laquelle vous pouvez faire main basse, aussi riche soyez-vous, gronda-t-il. La nature n’a que faire de vos pièces d’or.
- Ce n’est pas l’avis du nouveau roi de Gardemine, tout a un prix mon ami, à l’exception de votre misérable existence. Tâchez de vous en souvenir, siffla l’avorton avec mépris.
S’il avait su ce qui allait se passer, le pauvre Tristan de Louillé se serait probablement tu.
Le Sortilamme se jeta sur lui et le saisit par le col. Puis, avant qu’il ne puisse seulement pousser un cri, ses pieds quittèrent le sol. Après un vol plané spectaculaire, le noble ventripotent s’écrasa dans un tas d’excrément avec un petit bruit de succion.
Aranok et les hommes de main n’en revenaient pas, la mâchoire béante et les bras ballants. Blast, quant à lui, souriait de toutes ses dents. Malheureusement le calme ne dura pas longtemps. Une silhouette noirâtre émergea des fientes.
- Tuez-les ! Brailla le baron.
Les deux colosses en armure s’avancèrent vers le maître et son apprenti.
- Regardes bien mon garçon, et prends-en de la graine !
Si les deux soldats perdirent quelque peu confiance en voyant le titan se diriger gaiement vers eux, ils manquèrent pousser un cri de terreur quand ce dernier hurla « Yabaharrr » en levant son épée au-dessus de sa tête.
Blast envoya le plat de sa lame dans la poitrine du premier, lui brisant le sternum. Puis, il effectua une roulade sur son épaule gauche, avant de remonter vers le second dans un nuage de poussière, et de lui administrer un terrible coup ascendant. L’arme trancha le guerrier en deux dans le sens de la longueur. Les deux morceaux se décolèrent et tombèrent avec un petit bruit spongieux.
Tristan de Louillé ne se fit pas prier et s’enfuit à toute vitesse, semant des empreintes putrides un peu partout derrière lui.
- Hum maître euh… qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Demanda timidement Aranok.
- On trouve un village et on récolte des informations sur la balle que j’ai trouvé dans les entrailles du Jinouga. Et fermes la bouche veux-tu, tu es ridicule.
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Message par Docteur Poisson Ven 7 Jan 2011 - 11:23

Chapitre quatrième : Erod.

Blast et Aranok arrivèrent devant un village peu avant la tombée de la nuit. Ils se cachèrent dans des fourrées, non loin de l’enceinte de bois, et mirent au point une stratégie.
- Très bien, je vais rentrer dans cette bourgade et tenter de recueillir des informations. Toi, tu restes ici.
- Quoi ! ? Je veux vous accompagner maître ! S’exclama le jeune homme.
- Non, je serai bien moins remarqué si je suis seul, mais ne crois pas que tu vas te rouler les pouces ! Tu vas travailler ton don de prescience durant mon absence. Tu vas essayer d’entrer en contact avec la nature.
- Comment faire ?
- Assieds-toi, fermes les yeux, et concentres toi, le reste viendra tout seul. Si je ne suis pas revenu avant que les portes de la ville ne se referment, tu devras m’attendre jusqu’au matin.
- J’avoue n’être guère enthousiasmé, grogna l’apprenti.
- Surtout restes ici, et ne fais pas de bêtises, fit Blast avec un clin d’œil.
Il se leva, rabattit la capuche de son manteau sur sa tête et se dirigea vers la bourgade.
Aranok poussa un long soupir en regardant s’éloigner son mentor.
- C’est à vous qu’il vaudrait mieux dire ça…

La petite ville d’Erod se préparait fébrilement au coucher du soleil. Des dizaines d’agriculteurs franchissaient les portes, traînant les énormes sacs dans lesquels étaient contenues les denrées. Quelques chariots étaient tractés çà et là par des Aptonoths. Les animaux capricieux étaient bruyamment conspués et recevaient des coups de bâtons.
Des soldats surveillaient le bon déroulement des opérations depuis les remparts, haranguant tel ou tel maladroit, hurlant de prendre garde au blé. Entre les cris des ouvriers agricoles, les mugissements des bêtes et les ordres beuglés par les miliciens, le brouhaha était insupportable.
Soudain le chaos pris fin et un silence de plomb s’abattit sur la foule. Tous, aussi bien les guerriers que les paysans, avaient les yeux rivés sur l’horizon.
Une gigantesque silhouette noire se découpait dans le ciel rouge sang du couchant. Elle se dirigeait vers la porte lentement, les pas rythmés par un désobligeant petit crissement d’armure. La fascination qu’exerçait le personnage sur l’assemblée tenait presque du surnaturel, tant ils écarquillaient les yeux et ouvraient béatement la bouche.
Le sinistre individu tourna lentement la tête vers son public une fois qu’il fut à sa hauteur. Un œil d’un vert surnaturel apparut un bref instant dans l’ombre et le ciel macula le bas de son visage d’une lueur pourpre, dévoilant un sourire carnassier. Les gens tressaillirent et reculèrent prudemment. Les Aptonoths déféquèrent autant que leur permirent leurs intestins.
Puis, l’étranger s’engouffra dans le village et disparut aussi vite qu’il était apparut, laissant la foule médusée. Blasphème savait soigner son entrée…

Le géant n’était jamais venu à Erod, mais avait déjà visité de nombreuses villes, et, en règle général elles ont toutes des points communs. L’une de ces similitudes réside dans le fait que tout citoyen normalement constitué, tend à avoir un débit de boisson non loin de chez lui. Ainsi toutes les villes, sans exception, possèdent une taverne, et le Sortilame savait que c’était le meilleur endroit où chercher des informations. Il suivi donc les flaques de vomie jusqu’à un établissement douteux. Une vieille pancarte de bois grinçante indiquait : « Chez le Bulfango libidineux ». Il prit une dernière goulée d’air frais et entra dans la petite masure avec résignation.
Une salle exigüe s’offrit à ses yeux. Des tables étaient disposées un peu partout et, la plupart du temps, jonché d’ivrognes endormis dans des flaques de bave. La puanteur de la graille et de la sueur était insoutenable. Blast jeta un regard alentour et repéra un homme sobre, occupé à lire un bout de parchemin. Il alla s’installer à sa table.
L’inconnu leva les yeux et fronça les sourcils.
- Qui vous a autorisé à vous installer ici ? Grogna-t-il.
- Ne vous inquiétez pas, je ne serai pas long. Quel est votre métier ?
- Je suis l’armurier du village, pourquoi ?
- Bien, je m’en doutais, il est rare que les artisans prennent une cuite.
- Sans vouloir vous offusquer, venant au fait ou tirez vous de ma table ! Fulmina l’individu, décidément de moins en moins courtois.
- Je veux des informations.
- Et qu’est ce qui vous fait croire que j’accepterais de vous en donner ?
Soudain l’homme plaqua ses deux mains sur la table et ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes.
- Premièrement, vous êtes un gentil homme, deuxièmement, j’ai vos couilles dans la main. Il serait dommage de devoir les écraser, vous ne pourriez plus vous en servir et ce serait fort fâcheux, susurra Blast.
- D’accord, d’accord ! Que voulez-vous savoir ?
Le Sortilame plongea sa main libre dans sa besace et en extirpa une petite pièce de métal. Il la posa ensuite sous les yeux de son captif.
- Qu’est ce que c’est, d’où ça vient ?
- Ce n’est pas moi qui fabrique ça je vous le jure !
L’armurier poussa un grognement de douleur.
- Arrêtez, arrêtez ! Je me suis fait livrer ça par le village de Yukumo, à l’est ! Eux ils savent, moi je ne sais rien, je me suis contenté de leur acheter et de le revendre.
- Qui vous l’a acheté ?
- Un type tout bizarre, avec une capuche comme vous et des yeux rouges, rouges ! Je ne plaisante pas ! Un drôle de type, un mauvais gars, croyez-moi.
- Oh oui, je te crois.
Blasphème lâcha les parties du villageois et se dirigea vers la sortie à grandes enjambées.

La fraîcheur de l’air nocturne l’apaisa aussitôt qu’il franchit la porte de l’établissement. Il avait rarement vu taverne aussi sale, et il en avait vu !
Soudain, le géant se figea. Devant lui, immobile, silencieux, un homme enveloppé dans un grand manteau sombre obstruait la rue. Le Sortilame grogna et tendit la main vers son épée.
- J’aurais dû me douter que tu étais derrière tout ça ! Maudit sois-tu, Nox.
Deux grands yeux rouges aux pupilles verticales s’allumèrent dans les ténèbres.



Docteur Poisson
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